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2022-05-13T15:48:10+02:00

La mélodie du vent, 2. La chute

Publié par AnneOnime

Le soleil se couche lentement, il ne veut pas disparaître, laisser place à la nuit. Le ciel se pave des couleurs du soir. Le soleil s’en va, sa chaleur se dissipe et la lune apparaît, prend sa place. Elle illumine le ciel de sa douce lumière blanche, sa joie pare le monde d’un halo clair. Mais les nuages se déplacent, cachent la lune au monde et sa lumière s’éteint. Les étoiles se cachent, les arbres frissonnent, les animaux tremblent et se réfugient à l’abri du froid qui s’installe. Et soudain, le vent souffle, s’entortille autour des branches et des feuilles, caresse le monde et sa joie s’amplifie.

Elle est là, devant lui, marchant sur ce pont doré, ses pieds nus laissant des traces sur l’asphalte, sa robe blanche tachée ondulant autour de ses jambes ; ses cheveux blonds se soulevant au gré du vent. Elle marche lentement, comme si son corps pesé plus lourd qu’elle ne peut porter. Ses yeux bleus semblent sans vie. Elle lève la tête et pose son regard sur la rambarde, ses lèvres tremblent, des larmes perlent au creux de ses yeux. Le vent souffle plus fort, il s’impatiente, il se rapproche d’elle, se glisse et lui chuchote à l’oreille. Ses lèvres cessent de trembler, ses larmes s’assèchent, elle se déplace comme une marionnette et enjambe la rambarde. Elle se fige, le doute s’engouffre en elle et pèse comme une boule au creux de son ventre. Mais le vent ne l’accepte pas, il la pousse un peu plus près du bord en lui chuchotant des mots doux qu’elle seule peut entendre. Le doute disparaît, un pied dans le vide – le vent exulte – puis le deuxième. La chute paraît durer une éternité et elle atterrit sur le sol. Ses yeux ouverts, sur lesquels se déposent un film transparent, ne voient plus. Du sang s’écoule de sa tête, imbibe ses cheveux et s’insinue dans les rainures de la route. Le vent s’emporte, il chasse les nuages et observe à la lumière de la lune. Sa robe tâchée de sang, ses mains ensanglantées. Le vent remonte le cours du temps, il suit ses traces de pieds rouges sang sortant d’une maison silencieuse. Il parcourt le trajet effectué par celle qui lui était chère, entre dans la maison et trouve ce qu’il est venu chercher.

Il est là, devant lui, assis sur un fauteuil dans son costume noir, sa chemise ouverte montrant son torse. Une chemise rouge dont la couleur vient de plus haut. Le vent s’avance, fait bouger ses cheveux bruns et sa veste. Des filets de sang coule le long de son corps, d’une coupure qui apparaît difficilement, et sur la chemise poisseuse qui lui colle à la peau. Tellement de sang, partout. Ses yeux marrons ouverts sur un monde qu’il ne voit plus, sur un monde où elle et lui n’existe plus. La carotide tranchée, le sang avait éclaboussé tout autour de lui. Sur son cou apparaissaient des empreintes de main qui montraient qu’elle avait voulu arrêter le saignement. Sans résultats. Il était mort sous ses yeux, la bouche ouverte sur un cri qu’il n’a jamais poussé.

Le vent tourne autour de lui puis s’éloigne. Son œuvre se révèle au monde en même temps que la lune se couche et que le soleil reprend ses droits. Et le vent parcourt le monde en chantant sa mélodie, à la recherche de ses nouvelles proies.

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commentaires
M
A fond dedans, j'espere que ce vent malsain tombera sur plus fort que lui. hate de lire la suite!!
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